uno ☾ T'as la gorge qui se serre quand t'y penses. On t'a jamais caché que t'étais adopté, ça aurait été putain de compliqué vu la blancheur d'ta peau comparé à tes frères et soeurs en même temps, quoi que, t'aurais pu être le résultat d'une aventure, la daronne qui aurait pas été sérieuse mais tout l'monde sait que c'est pas son style. Nan, ça aurait été trop beau, qu'tu viennes d'une famille unie, magnifique, souriante. Toi t'es un gosse rapporter, pièce trop brisée. Gamine qu'à poussée jusqu'à en pleurer, dix-sept ans max et qu'étais droguée. Accident, malheureux, t'étais rien d'plus qu'un truc qu'elle aurait voulu foutre dans les poubelles avant qu'on t'la prenne. Danger. T'étais déjà un camé tout juste né. Mexico sur le certificat de naissance, tout en espagnol puis traduit en anglais, t'as fouillé. Adopter, comme ça, t'as l'historique d'ta mère, ton père aussi, parce qu'il a assumé parce qu'il s'est dit que putain, il avait bien merdé. Alors t'as connu qu'eux, depuis qu't'es tout p'tit, les Bellamy. T'es un morceau d'cette tribu même si t'es pas vraiment d'la bonne couleur, même si t'as une gueule un peu exotique aussi de près.

dos ☾ Perfection. Toujours droit, sourire impeccable. Gosse excellent. Peur d'être viré, échanger si pas assez parfait. L'angoisse de l'imperfection, l'histoire qu'on te retourne directement chez l'fabricant. Poupée d'bois qu'on pourrait revendre trop facilement. C'étais débile mais t'avais peur qu'on te vire, qu'on te dise qu'on a changer d'avis, parce que t'es trop chiant, que tu ressembles pas assez, qu'tes pas assez beau, pas assez parfait, qu'tu réussis pas assez. Alors t'as fini tes études avec les honneurs. Alors t'as les bourses pour t'inscrire, payer l'univ, alors tu t'sens enfin méritant, presque.

tres ☾ L'Travail, pour t'casser d'la maison bientôt. Alors tu pus le sucre, la rootbeer, les pommes d'amour et les hot-dogs. T'observes les gens qui rient, ont des dates que tu jalouses, s'embrassent dans les attractions et toi t'es là avec ton putain de bâton qu'essaye de faire des fleurs en barbe à papa parce que ça trend sur instagram et que les gens veulent une photo absolument d'un truc trop aesthetic. Toi t'en as rien à foutre, alors t'essaie, souvent c'est plus des fleurs fânées, mais t'essaie d't'améliorer. Un jour, tu feras peut-être une visite au kissing booth, histoire d'récolter un peu d'germes et d'amour, qui sait ?

quatro ☾ L'corps qui se détend, douceur, douleur que t'oublies un peu. Weed dans l'sang, qui pète les yeux, l'corps qui s'endort aussi un peu trop facilement. Foncedalle qui arrivera plus tard, pas maintenant. Juste histoire d'te détendre, vu qu'ta presque oublier comment on faisait sans, parce que t'es toujours tendu, que t'es toujours droit, impossible d'avoir l'échine courbée. Le sourire qui s'efface quand tu dors, parce que tu dors presque jamais, que t'es bleu sous les yeux comme si on t'avait cassé la gueule régulièrement pendant plusieurs jours, mois, années. Parce qu'être parfait, c'est fatigant et que parfois t'as l'sommeil qui t'rattrapes sous les draps, quand il fait froid, quand t'aimerais être encore plus grand, plus fort, pour aimer plus et souffrir plus. Parce que tu te souviens quand tes frères sont allés dégommer le connard qui a voulu te défoncer la gueule, parce que t'es pas fait pour les relations, pas fait pour les autres, pas fait pour plus que d'l'amitié et des mensonges pleins de rencontres.

cinco ☾ Poste de police. Comme ça, pour le fun. Parce que t'es qu'un p'tit con. T'aurais aimé, qu'ce soit la raison. L'mec qui hurle, menace, lève le bras et t'hurles quand tu lui attrapes. Parce que la meuf a mal camoufler sa blessure avec son fond de teint trop clair, parce qu'elle la voix qui tremble, que y a ton poing qui part dans la gueule de l'autre plus fort que t'aurais aimer. Parce que t'aimes pas les connards, ceux qui frappent, harcèlent, les fils de chien qui pensent que tout leur est dû même la vie des autres. Alors y a la police qui débarque et un qui essaie d'te maîtriser, parce que tu hurles, t'insultes, déchet encore en ligne de mire, crachat sur son visage parce que toi, tu tiens pas. Les insultes en espagnol quasiment parfait qui sortent, les gens qui chuchotent, putain d'immigrés toujours à l'origine des problèmes et t'as la caboche qui saute. Plusieurs fois, ça s'enchaîne, toujours l'même poulet qui vient, parle, essaie d'te calmer, parce qu'un jour tu pourrais sérieusement blessé quelqu'un. Alors parfois, tu viens juste, quand ça va pas t'installes à son bureau comme si t'avais l'droit avec un chocolat chaud avec trop d'eau et d'sucre, parce que peut-être que ça te rassure un peu, alors que ça devrait pas, t'es l'même gosse qui tag acab juste derrière leur batiment, alors tu devrais pas.