anecdotes.
(( un )) Sourire qui était présent sur les visages des parents. Sourire pour montrer leur force, parce que c'était sans doute la seule arme qu'ils avaient. Sourire présent sur leur visage quand ta mère se prenait une remarque sur ses origines parce qu'elle travaillait, qu'elle trimait au casino. C'était bien connu, ce sont les « Indiens d'Amérique » qui font tourner ce business. Ta mère qui souriait, qui riait, comme pour faire passer ça pour une blague. Gamin qui ne comprenait pas, alors tu riais aussi, peut-être parce que c'était normal. Tu ne comprenais vraiment pas ce qu'il y avait derrière ses mots. Mère qui travaillait trop pour subvenir au besoin de la famille. Le père qui était là, qui était présent, qui essayait lui aussi, mais il a plus de mal, parce qu'il est indécis, parce qu'il se lasse vite des choses et qu'il a dix mille idées à la seconde. Ta mère qui souriait qui riait, mais qui n'en pensait pas moins, malgré l'amour qu'elle lui portait. Il y avait bien les disputes qui se faisait de temps en temps, comme pour remettre le paternel en place. T'es là toi, en plein milieu de tout ça, de tes parents, de tes frères et sœurs. Tu regardes, tel un spectateur parce que tu sembles être un peu perdu dans cette famille un peu trop grande pour toi. Cinq enfants en te comptant. Première surprise à l'arrivée des jumeaux, c'était pas prévu, mais tes parents ont su faire avec. Deuxième grossesse, l'arrivée d'un troisième enfant, mais d'un quatrième aussi. Ta mère qui a fondu en larmes parce qu'elle ne pensait pas que c'était possible, que c'était un cauchemar, quatre enfants ce n'était pas ce qu'elle avait prévu, mais ton père qui avait réussi à la réussi. Dernier enfant, toi, alors que ce n'était plus possible, parce que ton père qui avait fait une vasectomie pour empêcher un autre accident. Ça pouvait arriver apparemment, t'étais qu'un accident, peut-être que t'aurais pas dû faire partir de la famille, c'est sans doute pour ça que t'arrives pas à te sentir impliqué.
(( deux )) Concentration qui n'était pas vraiment ton fort, les yeux qui vagabonde sur tout ce qui bouge. Histoire que t'aimais bien imaginer sur des choses banales, histoire qui te faisait perdre toute ta concentration. T'étais le gamin à qui on devait répéter dix fois la même chose pour que tu puisses comprendre. T'avais la tête dans les nuages, dans le sens littéral du terme. Tu pouvais passer des heures à regarder le ciel, à te poser mille et une question dessus. Tu pouvais passer des heures à observer les étoiles, imaginant qu'un jour, tu pourrais visiter ces constellations que tu aimais tant, sans même te rendre compte que ces belles étoiles étaient décédées bien avant ta naissance. Ciel étoilé que tu dessines encore et encore. Deux passions qui naissent en même temps, celle des étoiles, celle du dessin. Deux passions qui n'ont pas aidé tes problèmes de concentration, qui énervaient la plupart de tes enseignants, mais toi, tu ne comprenais pas ; tu promettais d'arrêter, d'être plus sérieux, mais ça ne tenait que quelques jours, puis tu partais de nouveaux vers les étoiles, comme s'il n'y avait qu'elles qui pouvait t'aider, te comprendre.
(( trois )) Les disputes qui commençaient à être de plus en plus fréquentes. C'était pas des crises, pas les voix qui montent de plus en plus fort, c'était plus discret que ça. C'était les regards, c'était les mots qui pouvaient blesser l'autre. Enfants qui servaient de messager parce que les parents ne voulaient plus se parler durant quelques jours. Tu voyais bien que quelque chose n'allait pas, t'étais pas stupide. Repas trop calme, le bruit des couverts qui brise le silence. T'aimais pas ça, cette ambiance trop pesante. « Vous avez qu'à divorcer. » Mots qui sont sortis de ta bouche, ambiance qui était encore plus étrange. T'étais peut-être qu'un gamin, mais t'avais bien remarqué ce que tout le monde avait essayé de te cacher. Tes parents ne s'aimaient plus, c'était la vie, ça arrivait, fallait pas en faire toute une histoire. Parents qui ne se cachaient plus, les voix qui commençaient à s'élever, le père qui partait quelques jours pour ensuite revenir. Moment de calme, avant de retrouver la tempête. Une année avant que la sentence tombe, ta mère qui n'en peux plus, qui veut faire signer les papiers du divorce, qui veut votre garde parce qu'elle était la plus apte, parce qu'elle avait fait ça tout sa vie. Divorce rapide, les papiers à peine signés que vous déménagiez, vivre dans une autre ville. Las Vegas, pour prendre un nouveau départ, pour commencer une nouvelle vie.
(( quatre )) Nouvelle vie, nouveaux repères que tu dois construire. Ville trop grande, trop bruyante, trop lumineuse aussi. Peut-être que c'était pour le bien de tous, mais t'y arrivais. Nouvel école, les regards qui te dérangeaient. Présentation que tu devais faire, les yeux qui étaient sur toi, esprit qui allait un peu trop vite, les questions qui arrivent à toute vitesse. Respiration qui se bloque, première crise d'angoisse que t'as pu faire. Crises qui ne t'ont pas quitté, qui te collent à la peau quand l'angoisse monte. Les nuits qui deviennent trop courtes parce que t'arrives pas à dormir. Les étoiles que t'observes pour te calmer, pour penser à autre chose. Adrénaline dont t'as besoin, alors tu quittes ta chambre, tu erres sur les toits de la ville. Adrénaline qui passe dans ton sang, qui te fait te sentir vivant, qui te fait du bien. L'angoisse qui s'atténue avant la prochaine crise, angoisse qui se cache quelques parts dans ton cerveau, qui attend le prochain signe pour sortir. Crise que t'attends pas vraiment avec impatience.
(( cinq )) Plan que t'avais eu, regards un peu trop suspicieux en guise de réponse. Idée que t'avais eu en plein milieu de la nuit, pendant que t'observer les étoiles. Envie d'une soirée sous les étoiles de toutes les couleurs. Soirée en plein ciel pour admirer ce qu'il avait à vous offrir. Regard suspicieux parce que tes idées ne sont jamais bonnes, parce qu'il y avait forcément quelque chose qui n'allait, parce que tes plans sont toujours foireux. Tu peux pas dire le contraire, t'en a bien conscience. Peut-être bien que t'es voué à être comme ton paternel, à avoir des idées un peu con et irréalisable. Mais là, c'était juste une soirée sur un toit, une soirée sous les étoiles, sous les lumières factices aussi, rien ne pouvait mal tourner. À part peut-être ce corps un peu trop penché vers le bord. Âme qui voulait en finir, toi qui l'a rattrapé pour éviter le drame, les autres qui ont soupire parce que cette fois-ci, c'était peut-être un suicide auquel ils auraient pu assister. Peut-être que c'était la meilleure idée que t'as eu, parce que tu l'as rencontré. Tu sais pas comment il a pu être au courant de cette soirée, mais t'étais bien content de le voir. Sourire et regard charmeur, verre qui est offert, puis la proposition de lui faire visiter la ville par les toits. Séances de parkours improvisé, baiser qui a été échangé avant un rire, avant une discussion sur les étoiles, avant que Nuka s'endorme contre toi. Ton cœur qui est pris au piège rien qu'avec un baiser. Numéro que tu gardes, visage que tu ne peux oublier, sentiments un peu trop fort. Relation à distance qui commence, pas la plus simple, mais tu ne pouvais pas lui imposer de rester près de toi, parce qu'il avait de grandes ambitions, plus grandes que les tiennes, t'étais pas si égoïste. Âme qui est venu vivre avec toi, qui t'apaise les nuits lorsque les crises refont surface.